Fabricant français d’outillage à main
Événement
Il y a 2 ans

Christophe Valette, directeur de l’usine Mondelin d’Ambierle : « Dans 70 ans, l’innovation produit sera toujours au cœur de notre identité, c’est notre ADN »

 IL Y A 7 JOURS FILTRE TOUT ÉVÉNEMENT NOUVEAUTÉ Christophe Valette, directeur de l’usine Mondelin d’Ambierle : « Dans 70 ans, l’innovation produit sera toujours au cœur de notre identité, c’est notre ADN »

A l’occasion des 70 ans de Mondelin, coup de projecteur sur l’usine historique de notre marque. Direction donc Ambierle, dans la Loire, là où le fondateur de l’entreprise, Roger Mondelin, concevait et lançait déjà à l’époque la fabrication française des outils qui allaient changer et simplifier la vie des artisans. Aujourd’hui, c’est Christophe Valette qui est aux commandes de ce site de production. En 20 ans, il a vécu de l’intérieur et coordonné les multiples évolutions de l’usine. Avec à chaque fois, des innovations produits inspirées du terrain, des chantiers, et qui lient tradition et modernité. Une vision authentique ! Témoignage.

Comment votre histoire avec Mondelin a-t-elle débuté ?

Christophe Valette : Tout a commencé en 2002, quand je suis arrivé à l’usine d’Ambierle. J’ai débuté comme responsable de fabrication. J’ai alors découvert l’entreprise, son niveau d’innovation, ses produits et son niveau d’industrialisation. Jusqu’alors, je travaillais en production chez PSA Peugeot-Citroën à la fabrication des sièges de voiture. J’avais alors pour ambition d’intégrer une PME et de maîtriser toute la chaîne, de la création du produit jusqu’à sa fabrication. C’est ce que j’ai trouvé chez Mondelin ! J’ai été très séduit par l’aspect multi-métiers avec la fabrication des produits mécano-soudés, la fabrication des outils en bois et l’injection plastique. En fait, j’ai découvert une entreprise extrêmement moderne avec une culture de la fabrication française. Et c’est passionnant !

 

En 20 ans, les évolutions de l’usine d’Ambierle ont été nombreuses... Comment sont-elles intervenues ?

Christophe Valette : Au départ, l’usine était encore assez artisanale. On commençait à mécaniser certaines opérations. Mais le développement majeur, il s’est fait progressivement autour de l’automatisation, de la modernisation de l’outil industriel. L’entreprise avait déjà entamé la démarche sur le métier d’origine, le bois. Ensuite, avec l’équipe en place, nous avons développé le métal et le plastique avec d’importants investissements, comme la découpe laser, la robotisation de l’injection plastique ou encore l’injection gaz. Ce sont des développements destinés à améliorer la qualité des produits ainsi que la productivité. Grâce à notre lien direct avec les chantiers, nous avons perçu que les métiers dans le bâtiment évoluaient, que les artisans avaient de nouveaux besoins et qu’il fallait y répondre vite. C’est donc ce que nous avons cherché à faire.

« Sur le site d’Ambierle, les évolutions sont quasi-permanentes »

Quels sont les moments-clés de l’usine Mondelin ?

Christophe Valette : Ils sont nombreux ! Ça a été d’abord à l’atelier Injection plastique dans les années 2004-2005 : nous avons démarré l’injection assisté par gaz. Dans le secteur de l’outillage, nous avons été les premiers à y avoir recours. Ensuite en 2008, le premier laser est arrivé. Nous avons alors commencé à découper nos tubes, à intégrer de nouvelles fonctions à nos outils. C’est un virage majeur pour notre site d’Ambierle. Puis en 2019, l’outil de l’injection plastique a été profondément modernisé : nous avons robotisé 90% des presses ! Autant vous dire que cela représente une belle étape-clé dans notre développement. En résumé, les évolutions sont quasi-permanentes sur le site d’Ambierle. Cela montre à quel point l’usine est agile et s’adapte à chaque instant aux besoins du terrain.

Comment cette adaptation se concrétise ?

Christophe Valette : Cela dépend de la demande exprimée par les artisans sur les chantiers. Parfois, l’évolution de nos produits exige une nouvelle machine ou une nouvelle fonction. Cela nécessite d’investir sur de nouveaux procédés. C’est à chaque fois de la recherche, des réunions de travail qui permettent d’établir des cahiers des charges, de concevoir la machine et parfois de la réaliser. Cette démarche extrêmement riche nous permet d’être souple au quotidien.

« Roger Mondelin innove et fabrique, un slogan qui garde tout son sens aujourd’hui »

La philosophie de Roger Mondelin, le fondateur de l’entreprise, est très présente encore aujourd’hui…

Christophe Valette : C’est vrai, et elle fait vraiment partie de l’ADN de Mondelin que l’on ressent au sein des murs de l’usine. En arrivant en poste à l’usine d’Ambierle, j’ai eu la chance de faire la connaissance de Roger Mondelin. Il n’était plus en activité mais nous le rencontrions régulièrement. Il passait à l’usine pour voir quelles étaient les évolutions du site de production. Je me souviens que Roger Mondelin avait toujours dans la poche le petit outil sur lequel il était en train de réfléchir. Il pensait à l’ergonomie, mais aussi au moule, ce qu’il fallait faire. Cette manière de faire est restée dans les gènes de l’entreprise : lorsque l’on conçoit un produit, on réfléchit déjà à la manière dont on va le fabriquer. Un slogan m’est aussi resté en tête : « Roger Mondelin innove et fabrique ». Cela illustre vraiment la philosophie et la façon de travailler des gens du bureau d’études et de la fabrication, ici, sur le site d’Ambierle.

Quelle est pour vous la marque de fabrique des outils Mondelin ?

Christophe Valette : L’innovation, assurément ! Mais c’est aussi créer un produit robuste et durable, un produit qui respecte son environnement. Certains développements de ces dernières années ne concernaient pas seulement les produits. Par exemple, nous avons mené tout un travail sur nos emballages. En 2021, nous avons développé avec un constructeur une machine pour fabriquer nos emballages et supprimer les plastiques. Ce n’est pas une innovation produit, mais cela nous permet de réfléchir à notre impact sur l’environnement, sur les personnes. Quand nous concevons un produit, nous avons une réflexion globale tournée vers l’innovation. Dès l’origine du projet, nous allons sur les chantiers, nous allons voir les artisans pour vérifier qu’on a pensé à tout, pour voir si on peut aller encore plus loin sur le sujet avant de l’industrialiser. Voilà notre marque de fabrique !

« Les artisans ont des exigences fortes envers notre marque, et ils ont raison ! »

Quel est le niveau d’exigence des artisans vis-à-vis des outils Mondelin ?

Christophe Valette : C’est un haut niveau d’exigence, et ils ont raison ! Les artisans nous attendent très clairement sur les innovations, sur de nouvelles utilisations, sur de nouveaux matériaux qu’ils ont à appliquer ou à utiliser. Il faut qu’ils puissent trouver l’outil adapté, un outil bien pensé et durable, un outil qui les aide à être en sécurité et à gagner du temps. L’innovation est essentielle pour les artisans, y compris sur des produits comme le Levpano® qui a été commercialisé pour la première fois en 1976. En plus de 40 ans, ce produit n’a eu de cesse d’évoluer, avec la pose verticale, la rotation de la plaque ou encore le système Clip&Go. C’est une illustration de l’exigence commune que nous partageons avec les professionnels des chantiers.

L’entreprise Mondelin, c’est aussi un esprit familial. Comment se traduit-il ?

Christophe Valette : L’organisation de l’usine fait qu’il y a un lien très fort entre l’équipe de la partie études et l’équipe de la partie fabrication. Quand on imagine un nouveau produit, il faut tout de suite qu’on sache comment on va le fabriquer. Ce lien entre le bureau d’étude et la production permet d’avoir une équipe soudée. Ainsi, les gens connaissent rapidement le produit, dès la phase de conception. Les prototypes sont assemblés sur les lignes de production des produits actuels pour qu’ensuite, nous ayons une meilleure maîtrise de la fabrication. Cette culture du produit, que l’on doit à Roger Mondelin, est encore très fortement implantée dans l’entreprise, et nous l’entretenons.

« Notre ambition ? Poursuivre le fort développement de nos trois métiers sur le territoire »

Votre ancrage territorial joue un rôle particulier…

Christophe Valette : Oui, au-delà de cet esprit familial, notre ancrage territorial est singulier. Les personnes qui travaillent sur le site d’Ambierle habitent toutes dans un rayon de 15 kilomètres autour de l’usine. C’est un secteur très rural, où il y a peu d’employeurs. Mondelin joue un rôle social dans la région. Et nous allons continuer à générer des emplois locaux : nous construisons un nouveau bâtiment de 850 mètres carrés pour améliorer le travail de la mécanosoudure. Parallèlement à cela, nous donnons aussi beaucoup d’importance à la formation pour que nos employés maîtrisent les process et se sentent impliqués dans l’entreprise. Par exemple, une nouvelle machine en provenance d’un constructeur italien va bientôt équiper l’usine : les opérateurs vont être formés en Italie avec ce constructeur pendant une semaine. C’est un élément essentiel pour avoir un produit final de qualité. Enfin, nous faisons appel autant que possible à des fournisseurs locaux pour favoriser les circuits-courts et nous impliquer dans la vie locale en général.

Quelles sont les ambitions de l’usine pour les années à venir ?

Christophe Valette : Aujourd’hui, nous sommes environ 80 personnes sur le site. Nous devrions augmenter nos effectifs de 15 à 20% dans les années à venir, passant à une centaine de collaborateurs, pour développer nos nouvelles activités. Notre ambition est aussi de continuer à développer nos trois métiers. Sur la partie injection plastique, notre travail nous permet d’être déjà à 72% de matières recyclées, et nous allons le poursuivre ! Nous menons aussi une réflexion sur le développement de la bi, voire de la tri-matière sur certains outils pour améliorer leur prise en main. Les développements se poursuivent également sur l’injection gaz pour alléger les outils. Et concernant la partie menuiserie, nous travaillons par exemple sur les manches avec l’objectif d’améliorer notre réactivité et de fiabiliser nos achats pour être plus autonome. Enfin sur la partie métal, nous réfléchissons à de nouvelles méthodes de soudage, de mise en forme. Nous avons donc beaucoup de pistes de réflexion. C’est très enthousiasmant !

« Une nouvelle identité visuelle fidèle aux valeurs de Mondelin »

Mondelin fête ses 70 ans en 2022. Ce n’est que le début ?

Christophe Valette : Les fondations de l’entreprise sont solides. Alors oui, ce n’est que le début ! Dans 70 ans, je pense que notre leitmotiv sera toujours le même : l’innovation, et pas seulement dans le produit, dans le process aussi, dans notre approche environnementale, dans notre approche de la relation client. Nous nous projetons déjà sur l’évolution future de nos métiers. Nous réfléchissons à comment nous allons faire monter en compétence chacun de nos collaborateurs, comment nos métiers auront changé ou non. Regardez comme ils ont déjà évolué ! Lorsque nous avons acheté le premier laser tube en 2008, il existait très peu de machines en France. Il a fallu mener toute une réflexion autour de cette installation pour améliorer notre réactivité et notre productivité. Dans les prochaines années, nous aurons aussi des évolutions au niveau de l’environnement. Comment consommer moins d’énergie ? Comment diminuer notre bilan carbone ? Quel impact pouvons-nous avoir sur les emballages ? Toutes ces questions actuelles transformeront l’entreprise à l’avenir, nous en sommes certains.

Cela signifie aussi que Mondelin entre dans une nouvelle ère ?

Christophe Valette : Absolument ! C’est pour cette raison que nous nous dotons d’une nouvelle identité visuelle et d’un nouveau site internet. C’est en parfaite cohérence avec l’évolution de l’entreprise et à nos valeurs, avec cette volonté de s’adapter en permanence aux besoins de nos clients. Nous nous devons toujours d’être plus réactifs. Avec ce nouveau logo, ce nouveau site, nous continuons à nous adapter. Nous conservons l’image du moulin, symbole historique de la société en référence au nom de la rue de Roanne où Roger Mondelin a créé la marque, mais nous la faisons évoluer avec plus de finesse et cette couleur orange qui nous est chère. En fait, nous modernisons notre image comme nous modernisons l’usine. Et ce n’est pas fini !